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Comment se place le secteur routier en temps de crise sanitaire ?

Comment se place le secteur routier en temps de crise sanitaire ?

L’année 2020 a été fortement marquée par la crise sanitaire mondiale liée à la COVID-19. Le mois de mars 2021 est donc le moment idéal pour analyser en détail quelles sont les répercussions de cette même crise sanitaire pour le secteur routier. Pour ce faire, le BP2R (Leader européen en matière de conseil en optimisation du transport) et l’AUTF (Association professionnelle des chargeurs) ont effectué leur étude annuelle, dont les résultats sont pour le moins surprenants. 

Afin de mener à bien cette étude, ils ont interrogé entre le 15 janvier et le 4 février 2021 quelque 164 chargeurs français, qui ont dû répondre à 45 questions. Afin de comparer les résultats obtenus, ils ont utilisé les chiffres obtenus les années précédentes lors de sondages effectués auprès de panels similaires.

Forte baisse des volumes transportés

Comme on pouvait s’y attendre en raison des nombreuses consignes liées à la sécurité sanitaire, les volumes transportés durant l’année 2020 sont nettement inférieurs à ceux des années précédentes. Ce sont ainsi près de 19 % des répondants qui affirment avoir été en situation de surcapacité durant l’année écoulée. Étonnamment, à l’international, 45 % des chargeurs déclarent avoir connu des difficultés capacitaires à l’import.

Si les volumes transportés et les capacités de transport ont connu de fortes variations durant l’année 2020, la qualité de service, elle, est restée inchangée. Ainsi, le taux de report et d’annulation de livraison est similaire à l’année précédente, soit 4,42 %. Ainsi, la satisfaction globale sur l’année reste la même que celle des années précédentes. La seule branche du secteur routier à avoir connu une baisse dans la satisfaction client est celle de la livraison de colis. Ce résultat ne doit cependant pas surprendre, car les services en question ont été particulièrement exposés et sollicités depuis les débuts de la crise sanitaire, et de nombreux ajustements dans la méthodologie de travail ont dû être apportés pour s’adapter à une demande grandissante totalement imprévisible.

Des coûts en augmentation pour des prix qui stagnent

Afin de s’assurer la conservation de leur portefeuille client, les sociétés du transport routier ont, pour la très grande majorité, décidé de ne pas effectuer de revalorisation tarifaire durant l’année passée. Les tarifs à l’échelle nationale ont donc stagné, pour une augmentation moyenne de 0,17 % seulement par rapport aux tarifs de 2019.

Cependant, si les tarifs de service sont restés sensiblement identiques, les coûts de transport, eux, ont augmenté (1,3 % environ). Aussi, les coûts logistiques en interne ont connu une inflation significative en raison des nombreuses mesures sanitaires à suivre, pour une augmentation globale de 4,1 % en moyenne.

Un rapport offre/demande qui évolue

L’un des principaux changements observés durant l’année 2020 n’est autre que le rapport offre/demande qui s’est inversé en période de crise sanitaire. En effet, de nombreux secteurs ayant été mis en pause d’activité pendant de longues périodes, les transporteurs ont dû trouver des solutions pour conserver leur rendement. La conséquence directe de ce changement a été une course au prix le plus bas dans l’accès aux services de transport par les industriels, au détriment parfois de la RSE ou de l’engagement capacitaire.

Ce qu’il faut prévoir pour 2021

Après une année régie par la crise sanitaire, de nombreuses observations sont possibles afin de mieux organiser l’année à venir. Parmi les priorités des chargeurs, on trouve en première position la qualité de service, au même titre que les années précédentes. Le coût du service vient en seconde position, et les questions de RSE en 3e position. Cependant, avec les nouvelles mesures gouvernementales actuellement en discussion, ces priorités seront certainement chamboulées avant la fin de l’année. En effet, dans les années à venir, les sociétés de transport seront dans l’obligation d’assurer leur transition énergétique. Aussi, les réductions sur le gazole ne seront bientôt plus en vigueur, ce qui risque de se répercuter de manière significative sur les prix des prestations.

Les sociétés du secteur routier doivent donc réagir le plus rapidement possible pour éviter d’être prises dans un torrent de complications organisationnelles et financières. Pour simplifier les choses, de nombreuses solutions sont aujourd’hui à portée. On pourra ainsi citer la mise en place de solutions d’accompagnement par ordinateur en matière de prises de décisions organisationnelles, mais également en ce qui concerne les conditions de travail des chauffeurs eux-mêmes. 

Ainsi, des outils tactiques de pilotage ou de simulation comptent parmi les priorités des entreprises sondées, qui voient dans ce domaine de nombreuses améliorations apportées au secteur routier. 

La mutualisation des transports par les industriels est également régulièrement soulevée lors de cette étude, qui permettrait à terme de réduire les coûts des transports.

Également, les questions de véhicules propres occupent de plus en plus les esprits des donneurs d’ordre et des distributeurs, qui aspirent ainsi à atteindre leurs engagements sur le plan écologique dans leurs méthodes d’approvisionnement.

La RSE gagne du terrain

Bien que la transformation digitale et la RSE ne soient pas encore en tête des priorités des professionnels du transport, elles gagnent malgré tout du terrain par rapport aux années précédentes. En effet, les attentes sociétales et gouvernementales se faisant de plus en plus présentes, les chargeurs dédient dores et déjà autant d’énergie que possible à renforcer et à mettre à jour leurs parcs routiers, afin de suivre la marche. Préférant prendre le pas sur les obligations réglementaires qui se profilent à l’horizon, ils sont quelques 25% à affirmer avoir pris des mesures sur ces questions, et à continuer dans ce sens le plus rapidement possible.

En conclusion

On l’aura compris, l’année 2020 aura été une année qui a demandé à tous les acteurs de la distribution de nombreux aménagements. Cependant, les choses sont encore loin d’être terminées, et il est primordial de devancer les éventuelles complications qui pourraient survenir. Toutefois, la période de crise sanitaire qui a entraîné des modifications radicales en matière de transport de marchandise a montré que le secteur routier était plus indispensable que jamais, et qu’il avait permis, par sa réactivité et sa qualité de service, à mener à bien les missions nouvelles qui lui ont été confiées.