Les poids lourds de demain
Nous avons déjà abordé le sujet il y a peu de temps, dans notre article sur les poids lourds ultra-connectés et autonomes : les pistes de développement et d’innovation dans le secteur routier sont nombreuses, et certaines particulièrement ambitieuses sur le plan environnemental. Ainsi, afin de vous permettre de suivre plus en détail les découvertes d’ingénierie concernant les poids lourds de demain, pourquoi ne pas faire un petit point sur la situation des essais et tests réalisés dans chacun des points énoncés dans notre précédent article sur le sujet.
Les poids lourds qui se conduisent tout seul, ou presque
Petit rappel concernant les véhicules autonomes et semi-autonomes : si cette technologie est déjà utilisée, du moins en partie, l’avenir pourrait bien donner vie à des véhicules sans chauffeur. Équipés d’intelligences artificielles, de capteurs, de réseaux, d’échange et de traitement de données et de machines learning, ces véhicules d’un nouveau genre sont actuellement à l’essai, principalement aux États-Unis. Cependant, à défaut de véhicules en parfait état de marche, qui pourront répondre aux besoins du secteur, aucune législation ne permet à ce jour leur utilisation libre sur le plan professionnel.
Parmi les entreprises ayant fait des avancées remarquables (et remarquées !), on trouve une Startup américaine, Locomation, qui a pu essayer un système de véhicule semi-autonome. Il s’agissait ainsi d’effectuer un trajet de 675 km avec deux véhicules. Le premier était conduit par un chauffeur, quand le deuxième suivait par téléguidage. Basant leur proposition sur le principe du platooning, le second véhicule était beaucoup moins polluant, et le transport a ainsi pu permettre un transport de marchandise doublé en comparaison à un transport standard habituel. La startup espère voir son prototype être commercialisé d’ici un an.
Concernant les véhicules entièrement autonomes, c’est-à-dire sans chauffeur, la société américaine Plus.AI a proposé l’année passée un test pour le moins concluant. Il s’agissait ainsi de faire circuler un véhicule sur plus de 4500 km, contenant une cargaison de marchandise périssable, en l’occurrence du beurre. Le véhicule était donc réfrigéré, entièrement chargé, et surtout complètement autonome. Un véritable saut en avant en matière d’ingénierie automobile.
Si l’autonomie des véhicules attire grandement les sociétés, elle soulève cependant de nombreuses questions. En effet, la substitution de l’homme par la machine inquiète, et plus encore, c’est la sécurité des autres automobilistes qui oblige à rester extrêmement prudent quant à sa mise en place. Une affaire à suivre donc, car l’autonomie, au moins partielle, permettrait de grandement améliorer les conditions de travail des chauffeurs routiers, mais surtout d’éviter de nombreux accidents liés au facteur humain.
Les perspectives de l’électrification
Entre le rétrofit, les moteurs à batterie et les carburants alternatifs, la question des énergies liées au secteur routier préoccupe de nombreuses personnes. Et pour cause, selon une étude menée en 2020, les poids lourds étaient responsables à eux-seuls de l’émission de plus de 20% des gaz eq.CO2 du transport routier français. Avec la loi climat actuellement sur la table, l’énergie des véhicules du futur est un point sur lequel de nombreux ingénieurs proposent des solutions toujours plus innovantes.
L’une des plus inspirées consiste à mettre en place de “routes électriques”. Ce système, particulièrement prometteur pour les véhicules qui parcourent de longues distances, pourrait ainsi permettre sur les tronçons concernés de recharger les batteries des véhicules sans que ces derniers aient à s’arrêter, mais également favoriser l’auto-guidage du véhicule, et donc extraire les poids lourds du réseau autoroutier standard. Moins d’accidents, moins de pollution et un investissement sur le long terme attrayant cette solution est actuellement étudiée dans de nombreux pays.
Parmis les solutions avancées pour la mise en place de routes électriques, trois propositions sont actuellement regardées de prêt :
- Un système de caténaire aérien. Ayant déjà fait ses preuves dans le secteur ferroviaire, ce système nécessite l’installation de poteaux électriques et câbles conducteurs d’électricité, par lesquels les véhicules pourront accéder à l’énergie par le biais de bras mobiles situés sur le toit des véhicules ;
- Un système conducteur. À l’instar des voitures électriques que nous utilisions quand nous étions enfants, l’électricité est transmise aux véhicules par les roues, au moyen de rails fixés au sol ;
- Un système d’induction. Système principale utilisé en Asie pour des voies courtes de trains, le système à induction consiste à transmettre l’énergie par le biais d’électro-aimants. Le véhicule n’est donc pas en contact direct avec la route. Il peut également fonctionner sur des véhicules plus standards, équipés de pneus, à condition que des bobines émettrices soient installées dans la chaussée, et que les véhicules soient équipés de bobines réceptrices.
Si le système de route électrique semble à ce jour tiré de scénarii de science-fiction, il n’en reste pas moins une solution intéressante sur le plan écologique. Cependant, quelle que soit la solution envisagée, elle entraîne des travaux particulièrement imposants à l’échelle d’un pays, et donc d’un coût sans précédent. Toutefois, avant de voir la mise en place de telles solutions être généralisée, il est possible de considérer des étapes intermédiaires, qui verront par exemple la création de solutions encore inédite à ce jour.
Enfin, il est important de souligner que si ce système est digne d’intérêt pour les axes principaux, et les longues distances, il ne peut être envisagé pour les routes à faible utilisation, ainsi que pour les routes de montagne ou de campagne.
Vous l’aurez compris, les innovations liées au secteur routier ne sont pas prêtes de s’arrêter. Que ce soit sur les plan de l’énergie, ou encore sur les avancées technologiques et les équipements installés dans les années futures, aucune véritable certitude n’est à ce jour imaginable concernant les poids lourds qui circuleront dans 30 ou 50 ans. Et au rythme auquel vont les découvertes et propositions des ingénieurs, une chose est cependant certaine : nous n’avons pas fini de rêver !