Une décarbonation difficile pour les PME européennes
Alors que les questions écologiques préoccupent de plus en plus de français, le constat à l’échelle du pays, mais également de l’Europe et plus largement du monde entier, amène les dirigeants à prendre des mesures drastiques pour réduire efficacement l’impact de l’homme sur l’environnement. À ce titre, aucun secteur n’est laissé de côté, qu’il s’agisse des énergies, du numérique ou même du secteur routier. Ainsi, chacune de nos actions est aujourd’hui observée à la loupe, et notre compréhension de la responsabilité qui incombe à l’homme d’arranger les choses en changeant nos habitudes ne fait plus désormais aucun doute.
Concernant le secteur routier, une analyse de fond à été menée auprès de plus de 800 entreprises de transports au travers de 32 pays par le Smart Freight Center (SFC) et l’université Kühne Logistics (KLU) de Hambourg. Cette étude, la plus complète possible, a permis de mettre en lumière les connaissances des acteurs du secteur routier, ainsi que leurs inquiétudes, leurs questionnements et leurs connaissances de la situation. De ces observations, de nombreux constats sont faits, et permettent de mieux organiser les étapes clés à venir pour décarboner efficacement un secteur pointé du doigt pour son implication dans la pollution de la planète.
Quelques chiffres éloquents
Afin de mener à bien leur étude, le SFC et le KLU ont au préalable effectué de nombreuses analyses des parts de responsabilité dans la situation écologique liées au secteur routier. Il a ainsi été constaté qu’à l’échelle de l’Europe, ce secteur était responsable de plus de 20% des émissions de gaz eq.CO2. Si cette valeur semble dores et déjà impressionnante, il est important de préciser que plusieurs estimations se rejoignent sur le fait que si nous ne changeons pas nos habitudes dès maintenant, la situation ne pourra qu’empirer dans les années à venir, et ce, de manière exponentielle.
La solution qui s’impose donc au secteur est une décarbonation massive des véhicules, pour arriver dans les meilleurs délais à l’utilisation exclusive de véhicules “propres”, à 0 rejet de CO2. Si ce projet, bien qu’ambitieux, semble être indispensable, il n’en est pas moins difficilement réalisable. En effet, en Europe 99% des entreprises de transport comptent moins de 50 employés, et la très grande majorité d’entre elles n’est pas capable de suivre financièrement de tels objectifs.
Outre l’aspect financier, les compétences liées aux nouvelles technologies, permettant de réduire les émissions de CO2, ou même de les quantifier avec justesse, sont difficilement envisageables, et déconcertent de nombreux employeurs. À titre d’exemple, seuls 43% des chefs d’entreprises du secteur routier sont à même de calculer le montant de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ainsi, le premier handicap dans ce combat contre la pollution n’est autre que le manque de connaissances et d’informations permettant d’adopter les mesures efficaces nécessaires dans la réussite du combat.
Malgré cette désinformation éloquente, deux chefs d’entreprise sur trois sont convaincus que la décarbonation des véhicules est une priorité essentielle pour l’avenir.
Comment accompagner les acteurs routiers dans leur transition ?
Si la conviction qu’agir pour décarboner le secteur routier est partagée par la majorité, il n’en reste pas moins que dans les faits cela reste très compliqué. À ce titre, de nombreux patrons ne masquent pas leur désir de voir des subventions être accordées afin de les accompagner dans leur transition énergétique. Si la France a déjà mis en place des mesures d’aides financières sous la forme de défiscalisation pour les véhicules propres utilisés, ou les véhicules ayant connu un retrofit électrique, tous les pays ne sont pas capables de suivre. Concernant l’hexagone, cette aide, bien qu’appréciée, est loin d’être suffisante pour convaincre de passer le pas pour tous. En effet, de nombreux patrons craignent que les répercussions de tels investissements de fonds ne soient pas bien perçus par leurs clients. Comme indiqué plus tôt, 99% des entreprises de transport sont composées de moins de 50 employés, et la majorité d’entre elles comptent moins de 20 véhicules. Leur chiffre d’affaires actuel ne leur permet donc pas d’effectuer des changements tels que ceux demandés, car bien trop coûteux. Dès lors, pour ne pas être en déficit en adoptant de telles mesures, les patrons seraient contraints d’augmenter les prix de leurs prestations, ce qui risque de causer une perte de leur carnet d’adresses non négligeable.
Des subventions accordées pour les nouvelles énergies
L’État français, de son côté, tente d’accompagner les patrons du secteur routier en leur facilitant l’accès aux nouvelles énergies. Par exemple, des appels à projets sont régulièrement lancés, faisant état de la volonté du gouvernement de permettre aux entreprises de transport de s’intéresser de plus près aux nouvelles énergies.
Parmi les projets qui ont été subventionnés, on trouve par exemple le projet MALTES (Multi ALTernative Energies Stations), pour lequel une subvention de 3,6 millions d’euros, ainsi qu’un prêt de 5,1 millions d’euros ont été accordés. Ce projet consiste dans les faits à la création de 12 stations de distributions d’énergies alternatives à travers l’ensemble du territoire français. Y seront ainsi proposés à l’accès des bornes de rechargement pour les moteurs fonctionnant à l’électricité, mais également des stations de gaz naturel et d’hydrogène. Avec ces 12 stations multi-énergies, ce seront quelque 600 000 tonnes de CO2 qui seront évitées sur 9 ans.
Autre projet qui a reçu une subvention concernant les nouvelles énergies, MULTICIT’HY. Porté par l’entreprise Hynamics, il s’agit de mettre en place des stations de production et de distribution d’hydrogène décarboné. Cet hydrogène sera ainsi produit par électrolyse de l’eau, et destiné aux véhicules terrestres. Actuellement, 4 sites sont prévus, afin d’alimenter les villes de Belfort, Nice, Gardanne et Nantes. D’après les estimations, se sont quelque 20 000 tonnes de CO2 qui pourront être évitées au total.